Cultiver l'humilité ....
Je savais que Martin n'était pas dans les conditions optimales pour aller dans un supermarché cet après midi, mais il le fallait .
Je voyais qu'il était agacé par ces gens qui le contournaient (ben oui il préfère être au milieu des allées et s'il grimpe dans le caddie je ne peux plus le manœuvrer). J'ai bien senti qu'il commençait à être agacé de se faire bousculer et je me suis entêtée, ces courses à la noix à boucler, ces articles qui ne se trouvent pas au drive et dont j'ai besoin. Martin m'a envoyé des signaux très clairs, il a commencé à parler de plus en plus fort et j'ai tenté de choper un dernier article ...
et les choses se sont gâtées, j'ai fini à la caisse avec un garçon hurlant et comme toujours exagérant juste un peu « Maman tu me broies les os (il a du vocabulaire tout de même..), Maman je ne peux plus respirer (bon je tiens par le poignet très fort mais le poignet, tu exagères Maurice!) et les cris sont allés crescendo pendant que je vidais mon caddie à toute vitesse sentant les regards « bienveillants » de la foule du vendredi après midi dans une grande surface. Je faisais le dos rond car je savais qu'une personne allait sortir du lot pour venir soit m'insulter soit crier sur Martin, il y a toujours une âme une peu plus charitable qui «ose » agir, et elle est arrivée dans son beau manteau rouge, bien coiffée, maquillée et excédée par les cris et a hurlé sur Martin « tais toi sale gamin », je n'ai pu que balbutier « il est autiste » et commencer à pleurer en rangeant toujours mes courses à toute vitesse, j'entendais plus loin des commentaires comme « il est autiste mais au moins il s'est tu, un peu de poigne quand même ça marche», en fait c'est moi qui lui avais lâché la main, fin de contrainte, fin de crise et donc fin des cris rien à voir avec la dame. Les regards deviennent un plus agressifs parce que un peu gênés sans doute. La caissière me dit de tenir bon, de ne pas lâcher, de continuer ce que je fais, et parle à Martin en souriant, je suis hyper étonnée et elle me dit "vous savez moi aussi j'ai un fils handicapé, bonne journée."
En rentrant après avoir transformé ma voiture en piscine, je me suis rappelée que ma résolution du jour était de cultiver l'humilité.. Tout va bien de ce côté là ! évidement j'ai pensé à tout ce que j'aurai pu dire à cette femme et surtout j'aurai voulu lui dire qu'une personne qui se noie n'a pas besoin qu'on lui enfonce la tête sous l'eau !
Martin vient de me dire guilleret d'aller chercher les autresà l'école, et je bien je serai un peu en retard, pas trop envie de discuter de manière urbaine:-)
Haut les cœurs, tiens je vais me réécouter la chanson de Berry « tenir debout » en rentrant ... et vivent la différence et les personnes extraordinaires !